cliquer sur le lien ci dessous pour voir la video de l’interview d’Antoine avant son départ pour New York à l’ONU
http://www.tvvendee.fr/le/journee-mondiale-de-la-trisomie-21_21032016
Voici le texte de son intervention:
Mesdames, Messieurs,
Je suis fier et heureux d’être ici aujourd’hui au siège de l’ONU pour cette conférence sur la trisomie 21.
Je représente la Fédération Trisomie 21 France, sa Présidente Cécile Dupas et toutes les personnes avec une trisomie de la fédération.
Je me présente :
Je m’appelle Antoine Fontenit. J’ai 28 ans. Je suis français. Je vis aux Essarts en Vendée. C’est une petite ville de 5000 habitants, dans l’Ouest de la France. Et je suis suivi par un Service d’Accompagnement à la Vie Sociale. J’habite dans une maison indépendante en colocation avec un de mes collègues de travail dans un quartier calme.
Mes parents sont dans une autre ville qui est à côté des Essarts, à 15 minutes en voiture. Ils ont commencé très tôt à me laisser seul à la maison en me faisant confiance. Grâce à ça, j’ai appris à être autonome.
J’ai deux sœurs et un frère qui vit en Nouvelle-Calédonie.
Je travaille dans un Établissement de Service d’Aide par le Travail qui s’appelle ESAT Le Bocage en Vendée. Je suis en restauration où je suis polyvalent : je travaille sur tous les postes en cuisine (préparation froide et chaude, service au self, plonge…).
1. J’ai une trisomie 21, et dans ma vie c’est important que MES DROITS SOIENT RECONNUS.
J’ai le droit de voter, comme tout citoyen français. J’ai toujours voté aux élections depuis que j’ai 18 ans.
Je suis vice-président d’une association depuis 2014. Cette association s’appelle Trisomie 21 Vendée. Dans cette association, il y a des parents, des professionnels et des personnes avec une trisomie 21. J’ai été élu par les adhérents. Dans mon association, je suis bénévole et je représente les personnes avec une trisomie dans mon département.
Par exemple, j’ai demandé une formation pour les jeunes de l’association sur la vie affective et la sexualité. Deux mères ont été formées sur ce thème-là, mais je voulais que les jeunes soient formés aussi. Nous avons déjà eu une rencontre avec deux professionnels. Les jeunes ont été intéressés. Ils veulent continuer. Le projet s’appelle « Mes amours ». Je dois aller à Lyon pour devenir formateur à mon tour avec une mère de l’association.
J’ai aussi un rôle de communication pour l’association. Par exemple j’ai fait des discours lors de spectacles ou de remise de chèque par des partenaires. Dans ces occasions-là, je suis passé dans le journal et à la télévision.
J’ai le droit de CHOISIR MA VIE…
Pour mon logement, c’est moi qui décide avec l’aide du Service d’Aide à la Vie Sociale. Et si je veux changer, c’est ma décision aussi.
Je suis libre pour mes décisions. Je choisis mes amis. Si une relation ne me plaît pas, je dis non.
Mes parents ne décident pas pour moi. Si je ne suis pas d’accord, je le dis et on discute. Par exemple, pour venir ici à New-York, ma mère a eu peur pour moi mais ensuite, elle a accepté mon choix.
2. Avoir des droits, c’est aussi ÊTRE CITOYEN.
Notre association Trisomie 21 Vendée fait partie de la fédération nationale Trisomie 21 France. Avec la fédération, j’ai été formé dans des séminaires pour devenir auto-représentant. Pour moi c’est une manière d’être citoyen.
Dans ces séminaires, nous nous sommes réunis avec des personnes ayant une trisomie de toute la France. Nous avons travaillé et réfléchi sur ce qu’est un auto-représentant. Nous avons rencontré le Maire de la commune qui est venu parler de son rôle d’élu. Il nous a expliqué qu’il n’est pas un policier. Il est une personne au service des gens de sa ville. La première chose qu’il fait, c’est d’écouter les gens pour parler en leur nom ensuite.
Grâce à ces séminaires de formation et à ces rencontres, j’ai appris à mieux parler en public et à écouter les personnes de mon association que je représente.
Dans ces séminaires sur les auto-représentants, la rencontre des autres personnes avec une trisomie m’a enrichi, car je connais mieux notre combat pour devenir autonomes dans la société.
Pour nous les personnes avec une trisomie, je crois que parler de notre handicap en public est important. Grâce à nos actions et nos paroles, les gens nous connaîtront mieux. Comme ça, ils diront de moins en moins des mots qui nous font mal sur notre handicap.
Pour cela il faut continuer à communiquer ! Dans notre association, les parents nous aident aussi.
Aider les autres qui ont une trisomie comme moi, c’est aussi MON RÔLE DE CITOYEN.
Ce que nous avons fait dans les séminaires sur les auto-représentants, je l’ai présenté dans mon association Trisomie 21 Vendée aux autres jeunes. Nous avons refait ensemble la maquette d’une association avec des Playmobils. Les jeunes ont bien aimés et ils ont compris.
J’avais participé à écrire un compte-rendu pour un séminaire des auto-représentants de la fédération Trisomie 21 France. Et nous avons lu ce compte rendu en facile à lire et à comprendre dans mon association. A la fin, les jeunes ont exprimé leurs souhaits pour des actions concrètes à leur tour, et nous les avons notés pour les réaliser. Par exemple, nous allons faire une journée de cheval ensemble.
J’ai appris aussi aux autres jeunes porteurs de trisomie de notre association à être auto-représentants. Nous nous sommes rencontrés dans mon département en Vendée avec trois responsables du comité Handicap de la Fondation de France. Ils nous ont demandé d’être le jury pour sélectionner les projets d’association pour leur concours national « Les lauriers ». Six jeunes porteurs de trisomie ont chacun donné leur avis et voté pour les meilleurs projets. Notre choix a été ensuite présenté à Paris pour le concours. C’est un exemple d’auto-représentation.
Je pense que chacun de nous, avec une trisomie, peut aussi aider les autres.
3. Pour être citoyen, il faut être INTÉGRÉ DANS LA SOCIÉTÉ.
Ça commence à l’école…
Dans la fédération Trisomie 21 France, des enfants et des jeunes porteurs de trisomie vont à l’école. Les parents les encouragent pour être intégrés dans la société ordinaire. C’est comme ça qu’on a des camarades et des amis dans notre ville. C’est important !
A l’école, il faut que les enseignants se forment pour accueillir et pour accompagner chacun dans sa différence, selon son rythme. Les enseignants doivent nous faire confiance, car ça nous aide pour apprendre.
Être intégré dans la société, ce n’est pas qu’à l’école…
Actuellement, la Fédération Trisomie 21 France met en place un projet pour aider les jeunes et les adultes à s’intégrer dans le milieu ordinaire, à l’école, au travail et dans la société.
C’est possible avec l’aide d’un professionnel qui nous connaît et qui trouve des lieux et des personnes du monde ordinaire prêtes à nous accueillir.
Ce professionnel doit aussi aider les chefs d’entreprise pour savoir comment nous embaucher et nous faire confiance. Quand ils osent nous intégrer dans l’entreprise, c’est souvent une réussite.
Pour terminer, je voudrais vous dire…
Il reste des choses à faire !
Tout ne va pas bien en France pour le handicap. Il y a des droits que je n’ai pas. Par exemple, on refuse que je fasse des stages en milieu ordinaire. Pourtant, je voudrais pouvoir le faire.
Où est l’insertion professionnelle dont parlent mes responsables ?
Je n’ai pas non plus le droit de grève et je n’ai pas le statut de salarié car j’ai l’étiquette « travailleur handicapé ». En France, les « travailleurs handicapés » sont-ils moins importants que les autres ? Je veux et nous voulons que cela change. J’espère que ce discours pourra aider au changement.
Voici mon message :
Nous, les personnes avec une trisomie, je souhaite qu’on soit reconnu et que la société nous fasse confiance.
Car demain ça sera NORMAL de vivre ENSEMBLE, à l’école, au sport, entre amis et au travail, avec nos différences.
Pour cela, on doit tous continuer à réfléchir pour l’avenir des personnes avec une trisomie.
Je vous remercie de votre attention